En quoi est-ce important pour la Fédération Cinov de continuer à travailler sur les Trophées des Talentes ?
Pour commencer, les éditions précédentes ont été une réussite assortie d’une participation croissante et il serait dommage de ne pas prolonger ce succès naissant.
Depuis 2019, la stratégie de la Fédération Cinov se décline autour de trois piliers que sont les transitions sociétales, numériques et environnementales. La féminisation de nos métiers autour de la prestation de services intellectuels est un puissant levier de l’inclusion, de la diversité et du savoir vivre ensemble !
Dans l’histoire, les femmes, dans bon nombre de cultures, ont joué un rôle déterminant dans la prise de conscience écologique d’une part, et le soin porté à la préservation de l’environnement d’autre part. Selon moi, l'éco féminisme a été, au moins par le passé, un des embranchements principaux de la pensée écologique.
Par ailleurs, le secteur du numérique porte en lui-même des sujets forts d’inclusion (couverture numérique, accessibilité…). Certains membres du jury de cette édition peuvent témoigner que la féminisation du secteur est un enjeu majeur pour construire une inclusion numérique équitable.
Face à ces exemples, on peut énoncer que la place des femmes fait naître plus de diversité et de richesse du vivre ensemble.
J’en suis convaincue : la transition de la société vers un monde plus juste et durable ne pourra se réaliser que si nous militons pour faire place aux femmes dans nos métiers, notamment dans ceux de la branche BETIC qui ont la responsabilité de concevoir les chemins de l’avenir.
Pouvez-vous en dire plus sur ces trophées ? Quels sont leurs objectifs ?
L'objectif initial des Trophées des Talentes était de mettre en lumière des parcours féminins inspirants. L'ambition était de susciter l'envie chez des femmes qui, possèdent une solide expérience dans leur domaine, ou qui envisagent une reconversion professionnelle, afin qu'elles partagent leurs réalisations et leurs succès. Cela prend tout son sens dans des milieux professionnels souvent considérés comme masculins. En effet, nous sommes conscients que, dans certains secteurs de notre industrie, les femmes demeurent sous-représentées. C'est particulièrement notable dans des domaines tels que l'ingénierie de la construction et le numérique, où la proportion de femmes dans les formations à ces métiers essentiels oscille entre 20 et 25%.
Au fil des éditions, les Trophées des Talentes ont évolué vers une démarche plus inclusive et synergique, élargissant parfois la composition du jury au-delà du secteur BETIC. Nous avons cherché à créer une puissance convaincante en invitant des femmes, ainsi que des hommes collaborant avec des femmes, chacun apportant sa vision singulière du parcours professionnel au féminin.
Cette ouverture marque un tournant dans l’aventure des Talentes. Au-delà de mettre en lumière ces parcours de femmes, notre ambition évolue vers une forme de solidarité, voire de sororité, dans les parcours et les carrières, démontrant qu'il est possible d'exercer nos métiers au féminin. Nous sommes passés d'une simple prise de conscience initiale à un chemin inspirant pour le collectif, notamment avec cette 3e édition. Nous aspirons à insuffler cette envie à notre échelle.
Nous constatons encore un manque d'archétypes de réussite professionnelle féminine alternative et authentique, de modèles de femmes qui n'ont pas eu à lutter pour trouver également leur place aux côtés des hommes. L'idée est de démontrer qu'il est possible d'être une engagée pacifiste et puissante, vivant en harmonie avec l'autre moitié de l'humanité. La fluidité des genres devient un gage de réussite pour lutter ensemble en faveur d'un collectif équitable, dans un monde diversifié et enrichi.
Les conditions sont désormais réunies, selon moi, pour bâtir le socle d’un monde de l’entreprise équitable au sein de laquelle chacun, homme et femme, peut accéder au métier, élaborer un parcours de carrière, prendre des fonctions d’orientation et de responsabilité du collectif dans le respect de son authenticité.
Vous êtes présidente d’honneur de ces trophées, pouvez-vous nous dire en quoi c’est important pour vous ?
Je suis avant tout au service du collectif, et cela revêt une importance fondamentale. À travers mon engagement, c'est l'engagement de toutes les équipes et membres du jury qui, année après année, contribuent et participent à ces Trophées, que je tiens à saluer.
Naturellement, je souhaite mettre en lumière avant tout le courage de toutes les candidates qui décident de monter leur dossier, affrontent à plusieurs reprises certains complexes comme celui de l’imposteur, en faisant face à leur timidité ou à leurs difficultés à se mettre en avant. Je remercie vivement chacune d’elles ainsi que les parrains et marraines de participer à cette œuvre collective.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
J’ai grandi au sein de casernes car mon père était Sapeur-Pompier de Paris, évoluant ainsi dans un environnement militaire, largement masculin où ma construction identitaire a été influencée par des schémas traditionnellement masculins et codifiés, m'élevant comme un garçon. Plus tard, j'ai embrassé une carrière féminisée en tant qu'avocate pendant 10 ans, exerçant dans des barreaux et tribunaux où la présence féminine était significative, tant du côté des avocats que des magistrats. Cela a constitué la première phase de ma carrière, où bien que baignant dans un milieu professionnel entouré de femmes, ma construction identitaire demeurait fortement marquée par des traits masculins.
Par la suite, j'ai quitté la robe, pour rejoindre l'entreprise familiale spécialisée dans la prévention incendie, un domaine où les valeurs, archétypes et ressources humaines étaient davantage imprégnés de caractéristiques masculines. L'un de mes objectifs de développement a donc été d'ouvrir la voie à la profession et au recrutement pour les femmes, en encourageant également leur accès au comité de direction. À mon niveau, je m'efforce depuis plusieurs années de favoriser l'inclusion des femmes, de promouvoir l'équité tout en accueillant à bras ouverts l’authenticité de chacun, condition pour qu’émergent les talents.